Michèle Rivasi exige du nouveau Gouvernement un moratoire sur le projet ITER
A l’heure où doivent passer les convois XXL acheminant les matériaux pour la construction du Tokamak pour la réalisation du projet ITER sur le site de Cadarache, Michèle Rivasi a écrit à la nouvelle Ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie Ségolène Royal pour exiger un moratoire sur cet autre « éléphant blanc » (ou grand projet pharaonique socialement inutile) comme celui de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, qu’est le projet de recherche sur la fusion thermonucléaire ITER basé à Cadarache.
Michèle Rivasi considère qu’ « en pleine crise sociale, budgétaire, climatique et énergétique, la recherche européenne doit se doter d’objectifs transparents, répondant aux attentes des citoyens et aux impératifs planétaires, bien loin des rêves prométhéens irresponsables incarnés par le projet ITER que même le monde scientifique rejette maintenant face aux risques qu’il comporte et au choix énergétique qu’il induit« .
Les risques technologiques n’ont pas été correctement estimés lors de l’enquête publique à l’instar de la perte brutale du contrôle du confinement du plasma en régime thermonucléaire, des fuites possibles de tritium et de décontamination des déchets, de la sous-évaluation du risque sismique sur le plasma en fusion…
Outre le rappel du mirage scientifique qu’est le projet ITER, Michèle Rivasi revient aussi sur le gouffre financier qu’il représente après le triplement de son coût d’origine. Pour la députée européenne : « La France va débourser 1,3 milliards d’euros pour financer le projet ITER: avec un tel budget nous pourrions devenir un leader mondial des énergies renouvelables ou bien de l’efficacité énergétique. Mais non, alors que la France peine à trouver de l’argent pour financer l’emploi et la transition énergétique, elle préfère dilapider l’argent du contribuable« .
« Par ailleurs, la semaine dernière le Parlement européen a approuvé la décharge de l’entreprise commune ITER (1), mais en pointant du doigt de nombreuses lacunes: des incohérences dans la procédure préalable à la passation des marchés, un calendrier de référence irréaliste, un risque de majoration permanent du budget en raison de la hausse du nombre de composants et du prix des matières premières, des manquements dans la gestion financière et budgétaire, des problèmes liés à la gestion des conflits d’intérêts et de la transparence. Beaucoup trop de problème, notamment financiers, alors que l’austérité frappe l’ensemble des budgets européens…sauf celui de la recherche dans la fusion nucléaire« .
Or, pour l’Europe, comme la crise ukrainienne le révèle, le défi énergétique est énorme : il faut tendre vers un nouveau modèle énergétique fondé sur les énergies renouvelables, l’efficacité et la sobriété énergétique. En respectant un des trois objectifs du Paquet Climat Energie défini en vue du sommet de Copenhague en diminuant de 20% sa consommation énergétique, l’UE économiserait chaque année plus de 100 milliards d’euros, créerait un million d’emplois et le gisement d’une filière économique de petites PME tandis que les ménages réduiraient de 1000 euros par an leur facture énergétique.
Le projet ITER, doit être arrêté d’urgence. Il est encore temps dans la phase de construction d’arrêter cette gabegie. Nous ne pouvons continuer à gaspiller des milliards d’euros pour un programme de recherche fondamentale dépassé et ne répondant pas du tout à l’urgence climatique et énergétique.
Il convient d’envisager la reconversion du site et des investissements réalisés en une technopôle de la transition énergétique réunissant chercheurs, développeurs, entreprises et industriels sur le site prévu pour accueillir le projet ITER. »
(1) Une décharge budgétaire correspond au contrôle final du budget pour une année donnée: la décharge constitue le volet politique du contrôle externe de l’exécution budgétaire.