Recours d’écologistes contre l’arrêté « anti-bivouac » d’Estrosi
(AFP)
EELV Alpes-Maritimes a déposé mardi des recours auprès du Défenseur des droits et du Conseil d’Etat après la prise par le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi d’un arrêté municipal « anti-bivouac » ciblant notamment les Roms.
« Nous sommes particulièrement écoeurés par cet arrêté », a expliqué à l’AFP la conseillère municipale et métropolitaine Mari-Luz Hernandez-Nicaise, porte-parole de la coordination départementale EELV (Europe Ecologie Les verts) à l’origine de ces recours.
Cette coordination dénonce une « volonté de ségrégation et de priorité de traitement de ressortissants européens selon leur origine ethnique ». Elle demande « à ce que M. Estrosi fasse des excuses publiques » et « qu’un rappel à la loi lui soit fait ».
« Est-il acceptable que le premier magistrat d’une ville n’applique pas les lois de la République et de l’Union européenne? », s’interrogent notamment les écologistes dans leur lettre au Défenseur des droits Dominique Baudis, dont l’AFP a obtenu copie.
Enfin, les écologistes demandent au maire « qu’il mette à disposition sur sa commune suffisamment d’emplacements pour accueillir les campements des populations nomades, évitant ainsi qu’elles ne doivent réaliser des campements illégaux ».
L’arrêté du maire consiste notamment à donner des pouvoirs accrus à la police municipale, qui pourra délivrer des contraventions et faire des contrôles d’identité pour conduire des personnes en situation irrégulière à la police nationale.
Christian Estrosi avait précisé la semaine dernière qu’il ciblait « toutes les populations qui occupent le domaine public » dont les SDF, mais aussi les tziganes des pays de l’Est.
Interrogé lundi par France Info, l’édile a jugé son arrêté « efficace puisqu’en trois jours d’application, nous avons arrêté 50 personnes qui étaient en situation irrégulière ».
SOS Racisme a pour sa part indiqué avoir déposé mardi un « recours préalable » (recours amiable en annulation) auprès du maire.
Christian Estrosi « a deux mois pour répondre » et s’il ne retire pas son arrêté, « nous saisirons le tribunal administratif pour le faire annuler », a affirmé à l’AFP Amadou Diallo, président de la section départementale de l’association.
A Antibes, le sujet des Roms divise aussi depuis des propos du maire UMP Jean Leonetti contre les « intrusions des sans-abri roumains dans les maisons +abandonnées+ » de la commune, tenus la semaine dernière. Mardi soir, une quarantaine d’élus de gauche et de militants associatifs (RESF, LDH ou encore Prales, une association locale de défense des Roms) se sont rassemblés en centre-ville pour protester contre des propos jugés « scandaleux » par les organisateurs.
Selon le site internet de Nice-Matin, l’élu avait dit vouloir « s’inspirer du dispositif des voisins vigilants pour éviter (ces) intrusions ».