» Le 8 juin prochain, une journée d’action internationale réunira les pays du G8 et des pays du Sud pour accélérer la mobilisation contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire. La France, pourtant mobilisée sur ces sujets, ne compte pas faire le déplacement. Pour la société civile française, cette absence envoie un signal particulièrement négatif sur le niveau d’engagement de la France dans le combat contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire malgré les ambitions politiques affichées. Les ONG déplorent également la place croissante accordée par ces pays au secteur privé dans la lutte contre la crise alimentaire. 2013 devrait marquer une étape importante contre la sous-nutrition infantile, qui tue près de 2,3 millions d’enfants chaque année. La communauté internationale semblait enfin prendre la mesure d’un enjeu trop souvent absent des discussions internationales avec l’organisation de deux événements majeurs, à Londres, le 8 juin. Tout d’abord avec le Sommet « Nutrition pour la Croissance » : une rencontre de haut niveau dont l’ambition est de mobiliser davantage de fonds en faveur de la lutte contre la sous-nutrition. Mais alors que la France a multiplié ses engagements politiques sur ces sujets en rejoignant par exemple le Mouvement mondial de renforcement de la Nutrition (SUN), l’invitation britannique est restée sans réponse de la part du ministre du Développement, Pascal Canfin, qui déclarait pourtant le 1 er mars dernier : « il reste tant à faire pour le milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim ».
La France ne parvient pas à définir le montant de sa contribution à la nutrition au titre de l’APD. Cette absence de lisibilité de l’aide à la nutrition est utilisée comme argument pour ne pas fixer d’objectif chiffré et comme excuse pour ne pas participer au sommet du 8 juin. Alors que moins de 2% de l’aide française est alloué à la nutrition, il est grand temps que la France mette ses engagements financiers au niveau de ses engagements politiques et augmente sa contribution en intégrant la nutrition dans les programmes sectoriels de sécurité alimentaire et de santé. Le second évènement du 8 juin sera consacré à la « Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition » . Lancée lors du Sommet de Camp David en 2012, la Nouvelle Alliance est un partenariat entre les pays du G8, l’Union africaine et près d’une centaine d’entreprises nationales et internationales. L’ambition affichée était alors de promouvoir la sécurité alimentaire en encourageant des investissements accrus de multinationales dans six pays africains. Les ONG s’interrogent sur le véritable objectif des membres du G8 et craignent que les intérêts économiques prennent le pas sur une véritable lutte contre l’insécurité alimentaire. Derrière l’objectif affiché de sortir 50 millions de personnes de la pauvreté en 10 ans, cette initiative sonne comme une aubaine pour les entreprises des pays du Nord et des pays émergents, qui peuvent ainsi avoir accès à des marchés prometteurs et très faiblement régulés… sans avoir à assumer les exigences et les coûts réels des politiques publiques en la matière. Conséquence directe de ce type d’initiative : la mise en place de législations pour sécuriser les investissements des multinationales et libéraliser les marchés au détriment des populations locales et des premiers investisseurs dans l’agriculture, les paysans eux-mêmes. Plus alarmant encore, on retrouve parmi les entreprises impliquées des acteurs qui menacent la sécurité alimentaire des pays du Sud : semenciers, producteurs d’OGM, spéculateurs sur les cours des matières premières agricoles ou encore producteurs d’agrocarburants. La France, qui est membre de l’Alliance, a su faire entendre une voix critique. Pascal Canfin a récemment déclaré : « la vision défendue par certains acteurs de cette Alliance, en particulier les grandes entreprises de l’agro-alimentaire, n’est pas la nôtre ». Critique justifiée, mais contradictoire quand on sait que la France assure aujourd’hui un rôle central dans la Nouvelle Alliance : des entreprises françaises figurent dans le premier contingent d’entreprises impliquées, et la France coordonne le programme au Burkina Faso. Comment la France peut-elle espérer influencer cette tendance qu’elle déplore, celle de l’inclusion croissante des multinationales dans les initiatives de sécurité alimentaire, sans participer aux réunions de l’Alliance ? Pour Action contre la faim, Avocats pour la santé dans le monde, le CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France et Peuples Solidaires – Action Aid, la France ne doit pas pratiquer la politique de la chaise vide le 8 juin mais saisir cette opportunité pour afficher ses ambitions en matière de lutte contre la faim et la sous-nutrition . La France doit y participer au niveau ministériel. En prenant en compte les recommandations proposées par la société civile, la France peut contribuer de manière concrète et efficace à la lutte contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire. Plus d’informations Le G8 et sa Nouvelle Alliance: une menace pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique ?, juin 2013, Document de position Action contre la faim, CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France et Peuples Solidaires – Action Aid « Lutte contre la sous-nutrition: La France déclare forfait ? » juin 2013, Position d’Action contre la faim et Avocats pour la santé dans le monde » Contacts médias Action contre la Faim : Christina Lionnet 01 43 35 82 37 / clionnet@actioncontrelafaim.org Avocats pour la Santé dans le Monde : Bruno Rivalan/ 01 80 48 91 26 – 06 13 83 91 71 / brivalan@ghadvocates.org CCFD-Terre Solidaire : Karine Appy, 06 66 12 33 02 / 01 44 82 80 67 / k.appy@ccfd-terresolidaire.org Oxfam France : Magali Rubino 06 30 46 66 04 / mrubino@oxfamfrance.org