» L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a donné son feu vert au lancement d’un rapport qui vise à évaluer les alternatives à la fracturation hydraulique pour extraire les gaz de schiste. C’est un double mauvais signal. Bien que membre de cet Office, je ne pouvais être présent lors de cette réunion, l’Assemblée Nationale étant en séance toute la journée avec à l’ordre du jour l’examen des trois propositions de loi portées par le groupe Ecologiste (dans le cadre de sa « niche » parlementaire) . J’avais dès décembre 2012 , au sein de l’Opecst, émis les plus vives critiques vis-à-vis de ce projet de rapport, en voyant dans cette décision un « double mauvais signal » :
– mauvais signal d’un point de vue environnemental : alors que la France est candidate à l’organisation en 2015 de la grande conférence de l’ONU sur le climat qui doit déboucher sur l’un des accords les plus ambitieux jamais signés sur la lutte contre le réchauffement, l’obstination à vouloir aller chercher de nouvelles ressources fossiles ne peut qu’affaiblir notre parole dans les négociations internationales. – mauvais signal d’un point de vue démocratique : alors que des engagements publics ont été pris de ne pas utiliser les gaz de schiste, donner l’impression de contourner les engagements pris et l’opinion publique (majoritairement hostile aux gaz de schiste) sous la pression du seul Medef ne peut que fragiliser la confiance de nos concitoyens en ses responsables Je le redis : les écologistes ne sont pas opposés à la recherche. Mais donnons la priorité aux recherches qui favoriseront la transition énergétique, et non celles qui risquent de nous maintenir sous addiction fossile. Denis Baupin Vice-président de l’Assemblée Nationale Des parlementaires rouvrent le dossier explosif du gaz de schiste PARIS – Des parlementaires ont rouvert jeudi le dossier explosif du gaz de schiste en donnant le coup d’envoi à un rapport qui vise à évaluer les techniques d’extraction alternatives à la très controversée fracturation hydraulique, bannie depuis 2011 en France. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), qui regroupe des élus des deux chambres (Assemblée nationale et Sénat) et de tous bords, a approuvé à l’unanimité une étude de faisabilité rédigée par le député Christian Bataille (PS) et le sénateur Jean-Claude Lenoir (UMP), donnant ainsi le feu vert au lancement d’un tel rapport, qui devrait être publié cet automne. Cette étude préalable, que l’AFP s’est procurée, souligne que la fracturation hydraulique, technique d’extraction du gaz de schiste interdite en France depuis juillet 2011, est une technique ancienne qui évolue aujourd’hui rapidement sous l’effet de considérations environnementales de plus en plus partagées. En outre, une alternative, la fracturation au propane, est déjà opérationnelle et mériterait un plus ample examen, tandis que d’autres technologies sont envisagées en recherche et susceptibles d’aboutir à des applications d’ici une dizaine d’années, souligne encore ce pré-rapport. Nous voulons voir si nous pouvons utiliser des ressources de gaz ou de pétrole de schiste en France, si elles existent, mais pour cela il faut que la recherche se poursuive et que nous ayons des techniques qui permettent de fouiller le sous-sol de façon acceptable, a expliqué à l’AFP Jean-Claude Lenoir. Cette technologie, très controversée en raison des risques qu’elle fait peser sur l’environnement, et notamment sur les nappes phréatiques, a été interdite en 2011 sous l’ancienne majorité de droite. Le gouvernement Ayrault a réaffirmé cette interdiction, mais le président François Hollande a indiqué fin 2012 qu’il prendrait ses responsabilités si des techniques respectueuses de l’environnement émergeaient. Bras d’honneur Des auditions auront lieu dans les mois prochains, suivis de déplacements à l’étranger. Un rapport d’étape sera remis au printemps, avant le rapport final attendu à l’automne. Nous sommes ouverts à entendre toutes les personnes qui le souhaitent notamment des opérateurs, des ONG, des gens qui sont contre, a assuré à l’AFP le sénateur UMP. Aussitôt, les opposants au gaz de schiste ont dénoncé cette initiative, qu’ils jugent en totale contradiction avec la transition énergétique prôné par le gouvernement, et qui consiste à rendre la France moins dépendante du nucléaire et des énergies fossiles. Ils ont reçu le soutien de la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, qui lors d’un déplacement à Grenoble a déclaré: l’enjeu de la transition énergétique (…) ce n’est pas d’aller chercher de nouveaux hydrocarbures, et je pense notamment aux gaz de schiste. Le député écologiste Denis Baupin, membre de l’Opecst mais qui était absent pour le vote, a dénoncé un double mauvais signal, contraire à la lutte contre le réchauffement climatique et qui donne l’impression de contourner les engagements pris et l’opinion publique (majoritairement hostile aux gaz de schiste) sous la pression du seul Medef. De même, Anne Valette, chargée de campagne Climat pour Greenpeace France, a jugé aberrant de se lancer aujourd’hui dans l’exploitation d’une nouvelle ressource fossile, et ce quelle que soit la technique utiliser, y voyant un bras d’honneur à tous les processus de lutte contre le dérèglement climatique. Des critiques récusées par M. Lenoir, selon qui, même dans le cadre de la transition énergétique, on peut avancer que le gaz continuera d’être une composante des ressources énergétiques de la France. Et si on en a chez nous, il vaut mieux l’exploiter plutôt que l’acheter à l’étranger, argumente-t-il.