Gaz de schiste : Quelle responsabilité de l’Union européenne envers les pays en développement ? par Catherine GRÈZE Députée européenne Europe Ecologie Les Verts

 » La mobilisation citoyenne dans de nombreux pays contre l’exploitation du gaz de schiste est inédite. Elle est néanmoins aisée à comprendre. Cette ressource se trouve à 2000 mètres de profondeur. Pour l’extraire, des millions de litres d’eau sont nécessaires pour forer, mais également des explosifs, des produits chimiques, pour fracturer la roche et extraire le gaz. Conséquence, les produits chimiques se répandent dans les sous-sols, contaminent les nappes phréatiques, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et constitue un danger réel pour la biodiversité. %%% C’est là le cœur de la mobilisation que nous constatons dans de nombreux pays dans le monde. Les populations refusent légitimement et catégoriquement d’être exposées à ces pollutions. A fortiori dans certains pays en développement, où l’accès à ce type d’information n’est pas toujours possible. L’extraction posent alors les mêmes problématiques qu’au Nord, à ceci près que nos politiques commerciales les incitent à ne pas avoir de véritables politiques d’encadrement “écologique” des activités industrielles ou d’extraction. Nous nous devons de faire entendre leurs revendications et il est de notre responsabilité de mettre en place un cadre réglementaire contraignant à l’encontre des entreprises européennes. %%% A ces risques sanitaires vient s’ajouter une dimension sociale particulièrement préoccupante. Du Neuquen (Argentine), terre des Mapuches, au Péten (Guatemala), des terres sont exploitées, menaçant sérieusement les communautés indigènes, les agriculteurs et les personnes les plus exposées à la pauvreté, la faim, ou au problème de l’accès à l’eau. Pourquoi exploite-t-on cette ressource ? Le bilan en termes de production est limité : seulement 20% du gaz contenu dans les poches souterraines est effectivement exploité. Mais la tension sur les ressources fossiles conduit les entreprises et certains pouvoirs à prendre davantage de risques, consentir à toujours plus de sacrifices, plutôt que développer une transition énergétique plus respectueuse de l’environnement et de l’humain. Or l’actuel cadre réglementaire de la législation de l’UE ne prévoit pas de garantie appropriée contre les risques pour l’environnement et la santé humaine, découlant des activités liées au gaz de schiste. %%% Tout investissement potentiel d’entreprises européennes en faveur de ressources de pétrole et de gaz non conventionnelles dans les pays en développement est donc préoccupant. %%% L’Union européenne a la responsabilité d’influencer leur comportement en faveur de pratiques plus soutenables, c’est-à-dire en renforçant les normes et les règlements sur la gouvernance d’entreprise appliqués aux banques et aux fonds qui les financent. Il existe de nombreux instruments. Mais, les principes volontaires ne sont pas suffisants pour atténuer les incidences négatives de l’extraction. Il est donc nécessaire et urgent que la Commission trouve de nouvelles options pour renforcer les normes relatives aux sociétés transnationales en matière de droits sociaux et environnementaux, ainsi que les moyens de mise en œuvre.  » Catherine Grèze%%% Députée européenne du Groupe des Verts/ALE%%% Coordinatrice en commission du Développement%%% Rapporteure pour avis sur le rapport « Incidences sur l’environnement des activités d’extraction de gaz et d’huile de schiste »