Chemical Watch » Les ONG appellent l’EFSA à mettre fin à la dépendance aux données de l’industrie Les ONG affirment que l’industrie a influencé la décision de l’EFSA sur la décision sur le BPA ( Bisphénol A ); l’autorité clame son indépendance. Un rapport publié par les ONG a mis en doute l’indépendance des recommandations formulées par l’European Food Safety Authority (EFSA), suggérant qu’elle s’appuie fortement sur des données et des experts de l’industrie pour prendre des décisions sur des questions délicates telles que la sûreté du bisphénol A. Le rapport « conflits indigestes » par le Corporate Europe Observatory (CEO) Earth Open Soruce (EOS), et soutenu par les ONG françaises Réseau Environnement Santé (RES) et Générations Futures (GF), affirme que l’autorité s’appuie sur des données et des experts de l’industrie pour évaluer la sûreté des pesticides et des additifs alimentaires. Cela soulève des doutes sérieux quant à l’indépendance de ses recommandations, disent les organisations. «Notre enquête montre que les intérêts industriels ont pénétré au cœur de l’EFSA « , a déclaré Nina Holland de CEO. « La façon dont l’EFSA travaille doit être complètement révisée ».
« En comparaison des louanges que l’EFSA a reçues des États membres et parties prenantes à l’occasion de son dixième anniversaire en reconnaissant la contribution de l’Autorité à la santé publique, l’EFSA estime que ce recyclage de faits déformés est partisan et mal informé », déclare une porte-parole de l’EFSA à Chemical Watch. Elle dit que le rapport « illustre une fois de plus l’incapacité et la réticence de CEO à comprendre la complexité de la science que l’EFSA évalue sur une base quotidienne et ne tient pas compte de notre approche rigoureuse pour assurer l’indépendance de notre conseil scientifique ». Le rapport est particulièrement cinglant sur les liens apparents entre l’EFSA, les membres de ses comités d’experts et de son conseil d’administration avec l’International Life Sciences Institute (ILSI), « qui est financé par les principales multinationales de la chimie, de l’agroalimentaire et de la biotechnologie ». Selon le rapport, «L’EFSA a révisé sa politique d’indépendance sur les questions de prise de décision scientifique et les conflits d’intérêt en 2011, mais … en dépit de quelques améliorations, la nouvelle politique ne parvient pas à résoudre les problèmes fondamentaux posés par l’usage de la science issue de l »industrie et les conflits d’intérêt « . Le rapport cite des évaluations de sûreté de l’EFSA du BPA comme un exemple de cas où l’autorité a été vampirisée par l’industrie. «Les preuves contre le BPA sont écrasantes – et pourtant l’EFSA les a maintes fois rejetées, « dit le rapport. « En 2009, l’EFSA, (avec son homologue américain, la FDA) a été critiquée par 36 scientifiques financés sur fonds publics dans un document validé par des pairs pour avoir rejeté des centaines d’études indépendantes montrant des dommages causés par de faibles doses de BPA en faveur des deux seules études financées par l’industrie concluant à sa sûreté, » y est il dit. L’étude attire également l’attention sur la veille scientifique conduite depuis 2009 par le RES qui « montre que sur 193 études publiées, 96% constatent des effets inquiétants « , souvent même à« doses en dessous de la dose journalière acceptable (DJA) défendue par l’EFSA « . Ce n’est pas la première fois les ONG ont mis en doute l’indépendance de l’EFSA. En Décembre, l’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN-Europe) a publié « Un mélange toxique? Parti pris pro-industrie dans le groupe de travail de l’EFSA sur l’évaluation des risques des produits chimiques toxiques », qui a critiqué l’établissement de « seuils de préoccupation toxicologique » (TTC) par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et ce que le groupe voit comme l’influence indue des experts de l’industrie ( voir CW 19 Décembre 2011). Pendant ce temps, l’EFSA a annoncé qu’elle tiendra une séance d’information le 5 Mars 2012 à Bruxelles pour présenter les modalités d’application de sa « Politique sur l’Indépendance et les processus décisionnels scientifiques » qui a été adoptée par le Conseil d’administration de l’autorité lors de sa réunion le 15 Décembre 2011. Selon l’EFSA, cette politique montre la « grande variété d’initiatives que l’EFSA a mis en place pour défendre ses valeurs fondamentales d’excellence, d’ouverture scientifique, d’indépendance et de transparence, renforçant ainsi la manière dont elle assure l’indépendance et la transparence dans son travail « . La séance d’information devrait fournir de surcroit « une occasion de voir comment l’EFSA évaluera les intérêts et prendra ses décisions concernant les intérêts des experts, » déclare l’Autorité. «