» Fukushima a fait exploser les derniers mythes du nucléaire, jusqu’en France. Même le Parti socialiste se met à douter. François Hollande propose de réduire de 75% à 50% la part de l’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2025. La proposition serait ambitieuse et responsable. C’est oublier que le paysage énergétique mondial a évolué depuis vingt ans : il n’est plus nécessaire d’être antinucléaire pour souhaiter en sortir ! François Hollande veut l’indépendance énergétique de la France ? Nous aussi ! 100% de l’uranium nécessaire à nos réacteurs est importé. Nos choix nous ont rendus dépendants du nucléaire et du pétrole, tout en favorisant l’ébriété énergétique. Un Français consomme en moyenne 10% d’électricité de plus qu’un Allemand, et un peu plus de pétrole. L’indépendance se construit sur l’énergie qu’on ne consomme pas ou qu’on produit localement.
François Hollande défend l’industrie française ? Nous aussi ! Le fleuron de l’«excellence» nucléaire française, l’EPR, est une faillite industrielle et financière, à Flamanville et en Finlande. En Europe, les énergies renouvelables représentent désormais les deux tiers des nouvelles capacités de production électrique installées, contre 1% pour le nucléaire ! En Allemagne, ce sont des centaines de PME innovantes qui ont éclos. François Hollande veut lutter contre le chômage ? Nous aussi ! La sortie de l’atome en Allemagne a généré 370 000 emplois dans les filières renouvelables ! Notre scénario voit la création d’un demi-million d’emplois qualifiés et non-délocalisables en France d’ici à 2020. François Hollande défend le pouvoir d’achat des ménages ? Nous aussi ! Le prix de l’électricité en France, fixé par le gouvernement, ne reflète aucune réalité économique car il ne prend pas en compte la gestion des déchets, le démantèlement des centrales, le renouvellement du parc ou les assurances en cas d’accident. Il faudrait l’augmenter d’au moins 50% ! A l’inverse, le coût des renouvelables ne cesse de baisser. Seules des mesures ambitieuses d’économies et d’efficacité énergétique feront baisser les factures. François Hollande est préoccupé par nos finances publiques ? Nous aussi ! Selon les experts indépendants de l’association Global Chance, un scénario «sortie du nucléaire» coûterait près de 20% moins cher qu’un scénario «poursuite et renouvellement du parc nucléaire», autour de 410 milliards d’euros d’investissements sur vingt ans (essentiellement privés) pour le premier, contre 470 milliards pour le second. La proposition de François Hollande ne tire donc pas pleinement les leçons de Fukushima ni celles de la nouvelle économie énergétique. Surtout, elle ignore les quatre clés du succès de la transition énergétique allemande auquel il se réfère. D’abord un signal politique immédiat de rupture ; toute ambiguïté sur la sortie ou non du nucléaire, tel le maintien du projet EPR de Flamanville, figerait la France dans un statu quo de fait. Ensuite une échéance de sortie effective du nucléaire : vingt à vingt-cinq ans en France selon notre scénario. On ne sort pas du jour au lendemain d’un tel enfermement, mais c’est plus de temps qu’il n’en a fallu pour construire la majeure partie de notre parc. Tout report de l’échéance conduirait soit à prolonger de manière très risquée la durée de vie des réacteurs, soit à renouveler une partie du parc et à mettre un terme définitif à la perspective de sortie. En outre, une politique ambitieuse et stable d’économies d’énergies et de développement des renouvelables. C’est aussi le seul chemin permettant de lutter contre le dérèglement climatique. Enfin une nouvelle phase de décentralisation qui donne aux collectivités locales et aux citoyens une place prépondérante dans la définition des besoins énergétiques. La proposition du candidat socialiste, tout en actant le danger nucléaire, n’envoie donc pas les signaux qui engageraient la réorientation des stratégies d’investissement, de consommation et de production. Nicolas Sarkozy, qui a construit son quinquennat sur la promotion à n’importe quel risque du nucléaire, jusqu’à en proposer à Kadhafi, avait lui-même conclu le Grenelle de l’environnement en annonçant la réduction de la part du nucléaire. Le candidat sortant a bien compris le flou socialiste en la matière et promet au candidat Hollande un procès en incohérence s’il devait faire évoluer sa position. Le piège est grossier tant la société est en mouvement sur ce sujet et souhaite un autre avenir énergétique, tant les bénéfices économiques, sociaux, écologiques et démocratiques d’une rupture sont grands. Le grand projet de transition énergétique que nous portons n’est ni un diktat d’Eva Joly et des écologistes ni une lubie. Nous le porterons devant les Français et en débattrons avec le candidat Hollande, comme avec les autres. Pour qu’il devienne une évidence, à l’image de ce qu’ont réussi les Verts et les sociaux-démocrates en Allemagne. Ambitieux et responsable ! «