Nucléaire, rencontre avec les représentants de l’Union des Consommateurs japonais
Ici, retrouvez en haut ( et dans l’article suivant ) les vidéos qui expliquent les enjeux de notre déplacement au Japon.
» En déplacement au Japon pour quelques jours, j’ai pu rencontrer différents mouvements, associations et de nombreux citoyens qui s’activent pour faire face à la catastrophe nucléaire engendrée par un séisme de magnitude 8.9 qui a touché le pays en mars 2011.
Une rencontre avec les représentants de l’Union des consommateurs japonais.
Nous avons passé près d’une heure avec Tomiyama YOKO, Masko KOGA et Toshiki MASHIMO, représentants de cette association qui compte plus de 370.000 membres. Les échanges nous ont permis de mieux appréhender les inquiétudes des consommateurs japonais, 7 mois après l’accident : contamination des aliments, colère face à l’insuffisance des informations délivrées par le gouvernement, décontamination impossible des zones touchées…
Historiquement contre le nucléaire, l’UCJ dit aujourd’hui se sentir d’une certaine manière coupable et regrette terriblement que le Japon n’ait pas pu éviter la catastrophe du 11 mars.
Pour le moment, la plupart des Japonais essaient de se protéger en évitant d’acheter des produits en provenance de la région de Fukushima. Mais ces efforts peuvent s’avérer vains, voire contreproductifs puisque des concentrations élevées de radioactivité (« hotspots ») ont été découvertes dans d’autres régions dont les cultures ne sont pas interdites à la consommation… Dans l’idéal, il faudrait que les consommateurs puissent mesurer eux-même la contamination éventuelle des produits qu’ils achètent. Mais les instruments adéquats sont extrêmement coûteux (environ 20.000 $), hors de portée de la plupart des ménages.
La priorité de l’UCJ est d’obtenir des mesures sérieuses et fiables de la part des autorités, et de garantir une large diffusion de ces informations auprès des habitants. Il est essentiel, pour les consommateurs comme pour les producteurs, de pouvoir bénéficier d’une traçabilité certaine et d’un système d’étiquetage indiquant le niveau de becquerels de tous les produits en vente. Pragmatique, l’UCJ propose de doter chaque école primaire du pays d’un tel instrument de mesure, ce qui permettrait ainsi aux habitants de venir s’assurer eux-mêmes de la qualité de leurs aliments. Pour l’UCJ, c’est à TEPCO de supporter le coût de ces investissements. Une campagne sera lancée prochainement en ce sens.
Je me suis interrogée sur les mesures prises par le gouvernement pour « décontaminer » les sols radioactifs, dans la région de Fukushima, où vivent plus d’un million de Japonais. Est-ce vraiment réalisable ?
La réponse de l’UCJ est édifiante : la décontamination des sols n’a été entreprise par le gouvernement que très récemment, sous la pressions d’organisations citoyennes et indépendantes.
Les mesures de ces organisations ne laissaient en effet aucun doute sur les niveaux extrêmement élevés de contamination dans la région de Fukushima, parfois à plus de 60 km de la centrale. Écoles, terrains de sports, toitures des maisons : tous les lieux fréquentés par la population, à commencer par les enfants, sont contaminés.
Dans un premier temps, le gouvernement refusait d’entreprendre tout nettoyage si la dose annuelle reçue par les élèves restait inférieure à 20 mSv/an. L’action des ONG a poussé les autorités à agir.
Mais un autre problème se pose : que faire des quantités de terres contaminées ? A l’heure actuelle personne ne le sait ! Des tas de terre hautement radioactifs sont entreposés à même les terrains, ou envoyés dans d’autres parties du Japon… Ce sont aujourd’hui les ONG et les organisations citoyennes agissent aujourd’hui en véritables contre-pouvoirs au Japon et imposent au gouvernement d’agir.
Une fois plus, le nucléaire s’accompagne de mensonges et de contrevérités. Mais la crise actuelle et ses impacts pour les habitants imposent une véritable transparence et une action volontariste des autorités pour protéger les populations.
Nous avons rencontré lors de notre première journée Mika OHBAYASHI, directrice de Japan Renewable Energy Foundation, Toshiki MASHIMO, membre de l’Association Consumers Union of Japan qui sera notre interprète, pendant tout le séjour, et quelques Français vivant au Japon, membres d’EELV. »