((/images/Herkul_millas.jpg)) Turkish professor Herkül MILLAS A lire en entier sur __ZAMAN FRANCE__ actualités franco-turques : __Le printemps arabe, réminiscence du printemps des peuples__ De la Tunisie à la Libye un vent de révolte se répand depuis le début de l’année 2011. Pour Herkül Millas, professeur de sciences politiques, ce printemps arabe ressemble au printemps des peuples de 1848. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une révolution en entraîne d’autres. Il s’est produit la même chose qu’aujourd’hui entre 1789 et 1848. La Révolution Française était devenue un modèle pour de nombreuses révoltes nationales ou sociales. En particulier en 1848. La révolte populaire qui avait commencé en France cette année-là s’était répandue en Europe de l’ouest et en Europe centrale. Elle avait même atteint les Etats-Unis. De ce fait on a donné beaucoup de noms à cette année décisive : le printemps des nations, le printemps des peuples ou encore la vague de révolutions. Des territoires que nous appelons désormais l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Pologne ou même le Brésil avaient été pris par cette fièvre révolutionnaire. %%%
Finalement, dans de nombreux pays, les rebelles ont été vaincus, mais ces révolutions ont eu un effet sur le long terme au niveau social et culturel. Les évènements sociaux dont nous sommes témoins aujourd’hui ne doivent donc pas nous surprendre. La société évolue et lorsque les conditions sont favorables, une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Nous ne savons pas ce qui émergera après que l’incendie se soit éteint, mais ce qui est sûr c’est qu’il s’agit d’un grand brasier. %%% Ce qui a déclenché les révoltes entre 1789 et 1848 c’est la rupture croissante entre les dynasties et les parlements. En d’autres termes, il s’agissait d’une dichotomie entre les monarchistes et les républicains. Comparés aux standards de l’époque, les demandes des classes moyennes et populaires étaient radicales. La lutte des classes a entrainé de nombreux massacres. Il était évident que l’ancien système allait s’effondrer. Par contre, on ne savait pas quand cela se produirait. Aujourd’hui, il est clair qu’un dictateur – seul ou avec ses partisans – ne peut plus continuer à diriger son peuple. On ignore combien de temps ces régimes autoritaires vont résister, ni comment les dictateurs vont partir. Le choix le plus censé serait de faire des réformes. Mais c’est peu probable car ceux qui ont perdu la raison par le passé prennent rarement des décisions censées lorsqu’ils sont en mauvaise posture. __Les nouveaux médias, accélérateurs de révolutions__ Les mouvements sociaux de 1848 avaient été déclenchés par des problèmes économiques et par l’émergence d’idées nouvelles. C’est le même phénomène qui se produit actuellement. Les idées se propagent vite, elles créent un dynamisme qu’il est difficile de contrer. C’est pour cette raison que les régimes autoritaires qui sont en train de s’effondrer avaient mis en place des systèmes de censure très stricts. Mais contrairement à un passé récent, désormais les idées se diffusent à grande vitesse à travers le monde grâce aux nouveaux médias. Auparavant, il aurait fallu des semaines, voire des mois, pour qu’une information ou une idée passe d’un pays à l’autre. Comme en 1848, les rebelles actuels perdront peut être la bataille et l’ancien système sera réintroduit avec quelques changements de façade. Mais il est évident que le Nord de l’Afrique, le Moyen-Orient et la péninsule arabe sont touchés par le changement. Je n’utilise pas le terme « monde musulman » car je ne pense pas que ce type de vent révolutionnaire soit spécifique à une région. Il n’est ni d’ordre religieux, ni d’ordre ethnique. Si les grandes découvertes et la Révolution industrielle avaient eu lieu en Orient, nous lirions aujourd’hui des articles soi-disant académiques nous expliquant pourquoi le monde chrétien n’est pas ouvert au positivisme, à la démocratie, à la laïcité ou à la liberté d’entreprise. __Le Turquie ne doit pas être un modèle__ J’espère que la Turquie va cesser d’être un modèle pour ces pays musulmans après les révolutions. L’idée de servir de modèle peut paraître plutôt flatteuse. Mais cela porte préjudice sur le long terme. Cela nous pousse à considérer que nous sommes en tête et ne nous aide pas à nous améliorer. Faire figure d’exemple nous rendra léthargique. Cela servira d’excuses à nos défauts pour les hauts fonctionnaires de l’Etat qui peuvent dire : « Malgré tout, nous sommes toujours les meilleurs. » De plus, ce n’est pas la meilleure chose que la Turquie soit un modèle pour le monde musulman car il y a toujours des tensions au sein de sa démocratie et ses pratiques vis-à-vis de la laïcité sont controversées. Si ces pays réussissent à instaurer des régimes démocratiques qui respectent les droits de l’homme tout en conservant une stabilité économique et politique, la Turquie ne sera plus un modèle. Elle pourra alors se chercher des modèles à son tour. … » [http://www.zamanfrance.fr/fr/columnistDetail_getNewsById.action?newsId=4956&columnistId=65|http://www.zamanfrance.fr/fr/columnistDetail_getNewsById.action?newsId=4956&columnistId=65|fr]