((/images/2927.jpg)) %%% Du 1er juillet 2009 au 31 mars 2010%%% Première sortie du nouveau ministre de la Culture. Par MARC SEMO, sur « Libération.fr »%%% » Il a cité Chateaubriand et Gérard de Nerval basculant dans la folie que « seule la Turquie rattachait à ce qui lui restait de raison ». Il a évoqué « la longue histoire commune » entre les deux pays commencée avec l’alliance entre François Ier et Soliman le magnifique.
Et il a même lancé un « tesekur ederim » (« merci » en turc) pour clore son discours. C’est avec lyrisme que Frédéric Mitterrand a lancé hier la saison turque dans une conférence de presse qui représentait sa première prestation en tant que ministre de la Culture. Un exercice taillé sur mesure pour un homme qui fut jadis commissaire du « Temps du Maroc » puis de la saison tchéque et qui n’a jamais caché sa passion pour la culture turque, notamment son cinéma.%%% Electro soufie. La saison turque ce sera neuf mois d’expositions, de colloques, de spectacles, de concerts (www.saisondelaturquie.fr) et un café turc dans les jardins des Tuileries. En tout plus de 400 événements dans 77 villes. Le premier aura lieu samedi au Trocadéro à Paris avec un concert du groupe soufi électro Mercan Dede. « C’est la Turquie nouvelle et sa saisissante diversité que les Français vont connaître » a souligné le ministre de la culture. Certes, comme il le reconnaît lui-même il n’arrive qu’à la fin d’un projet lancé par Jacques Chirac en 2006, repris par Nicolas Sarkozy et mené jusque là par Christine Albanel à qui, en homme bien élevé, il a tenu à rendre hommage. L’écrivain-cinéaste rodé aux plateaux télé a aussi su trouver les mots qu’il fallait pour rasséréner tout le monde, les sponsors français et surtout turcs, après quelques semaines agitées autour de cette initiative culturelle devenue otage de la politique. « Hésitations ». Pendant la campagne européenne, le président français avait à nouveau martelé son opposition à une future intégration de la Turquie au sein de l’Union européenne de la Turquie. Ankara n’avait guère apprécié et menaçait de saborder l’événement. « Je réfléchis à la question : faut-il y aller ou pas ? » lançait mi-juin à la télévision le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, issu du mouvement islamiste clamant que « Nicolas Sarkozy regrettera ce qu’il a fait tôt ou tard ». Les sponsors turcs renâclaient préférant manifestement investir pour Istanbul capitale européenne de la culture en 2010. La tension était bien réelle même si Frédéric Mitterrand refuse le mot préférant parler d’« hésitations ». « Nous estimons que les tensions qui pourraient naître des actions des hommes politiques peuvent être dépassées grâce à l’action de la culture », a affirmé de son côté Ertugrul Günay, ministre turc de la Culture, intellectuel laïc rallié à l’AKP au pouvoir. Ces neufs mois de saison turque suffiront-ils à faire changer l’image de ce pays ? A la question posée par une journaliste turque, Mitterrand a rétorqué avec un grand sourire : « Neuf mois c’est le temps nécessaire pour faire naître un bel enfant. »