((/images/packletemps.jpg)) ((/images/contenucertifie.gif)) Extrair d’un article lu dans » Le Temps » ( Suisse ):%%% » L’Union européenne doit relancer le débat sur la « responsabilité de protéger »%%% La France fait du __paquet «climat-énergie»__ et de la __défense européenne__ les priorités de sa présidence de l’UE. Elle relance aussi la question de la protection des populations aux mains de dictatures et menacées par des catastrophes.%%% Richard Werly, Correspondant du «Temps» à Bruxelles%%% Jeudi 29 mai 2008%%% Bernard Kouchner aurait tort d’enterrer la réflexion sur le devoir d’ingérence qu’il a dans le passé contribué à lancer. Bien qu’il n’ait pas réussi à convaincre les 27 de soutenir, début mai, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Birmanie, le ministre français des Affaires étrangères dispose, avec le drame du Myanmar, d’une excellente opportunité pour relancer ce débat et étendre son champ de réflexion. %%%
Une commission internationale financée notamment par le Canada, avait en 2000-2001 accouché du concept de la «responsabilité de protéger», entériné en septembre 2005 par l’assemblée générale des Nations unies pour faire face __« aux génocides, crimes de guerre, nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité »__. %%% Le texte onusien affirme que «chaque Etat doit protéger ses populations» et__ envisage un éventuel recours à la force__ au titre du chapitre VII. Grâce aux travaux de cette commission alors présidée par l’ambassadeur algérien Mohamed Sahnoun et l’ancien ministre australien Gareth Evans, une première brèche humanitaire fut ouverte dans l’intangible souveraineté étatique. La «sécurité humaine» s’est imposée sur l’agenda.%%% Or sept ans après ces travaux sponsorisés par le Canada, deux facteurs au moins justifient de poursuivre ces débats. %%% Le premier est constitué par les avancées de la justice internationale, incarnée avec difficulté par les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Rwanda (TPIR), mais renforcée par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, puis par les tribunaux spéciaux pour la Sierra Leone et le Cambodge. L’ex-dictateur du Liberia, Charles Taylor, hier présumé intouchable grâce à sa mainmise sur le trafic diamantaire, est depuis plusieurs mois jugé à La Haye. Les anciens dignitaires khmers rouges, certes vieillards mais bien coupables, ont commencé à comparaître. Et le 23 juin, un procès des plus symboliques s’ouvrira à la CPI, à La Haye: celui de Thomas Lubanga, milicien congolais de l’Ituri accusé d’avoir recruté en masse des enfants-soldats. Ses exactions, en 2002 -2003, avaient été stoppées par l’intervention des troupes européennes. Le second facteur, confirmé des rivages de l’Asie du sud-est aux contreforts himalayens du Cachemire ou du Sichuan, est __l’aggravation du risque environnemental et climatique__. Le tsunami de décembre 2004, les tremblements de terre pakistanais et chinois, le passage du cyclone Nargis dans le delta de l’Irrawady, montrent combien les dérèglements du climat ont accru la probabilité de catastrophes naturelles toujours plus meurtrières dans certaines parties du monde. A laquelle s’ajoute l’insécurité alimentaire engendrée, dans les pays en voie de développement, par l’explosion des prix des matières premières. Sachant que derrière ces risques accrus se trouvent des centaines de millions d’individus devenus plus vulnérables, qu’une fermeture coupable des frontières, comme en Birmanie, peut sacrifier du jour au lendemain. %%% Le rapprochement de ces deux réalités – progrès de la justice internationale d’un côté et récurrence des menaces climatiques de l’autre – justifie de rebattre les cartes de la sécurité humaine au XXIe siècle et des moyens de pression à déployer pour faire en sorte que les gouvernements la respectent. Or __l’Union européenne__, qui s’enorgueillit à la fois de promouvoir les droits de l’homme, d’être le premier pourvoyeur mondial d’aide humanitaire, d’être pionnière en matière de lutte contre le réchauffement de la planète, et d’incarner un pouvoir géopolitique obtenu par les normes plutôt que par les armes, __est l’entité la mieux placée pour rouvrir ce chantier__. %%% __Pourquoi, dès lors, la prochaine présidence française de l’UE ne se saisirait pas de cette opportunité en convoquant une nouvelle commission internationale sur la responsabilité de protéger ?__ Dans tous leurs discours, Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner affichent à satiété leur volonté de faire progresser à partir du 1er juillet la défense européenne, d’obtenir un accord des 27 sur le paquet «climat», et d’arracher à leurs partenaires un grand «pacte sur l’immigration». Trois sujets liés à l’apparition de nouvelles menaces (énergie, migrations…) et donc indissociables de la « sécurité humaine ». %%% Mieux: une telle initiative pourrait accompagner la mise en place de la réforme du service extérieur de l’UE qui résultera de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne à partir du 1er janvier 2009. Et s’appuyer sur les leçons d’opérations en cours voulues par la France, comme le déploiement de la force européenne d’environ 3000 soldats au Tchad et en Centrafrique, pour protéger les déplacés du Darfour. Des déplacés victimes d’un conflit dont l’origine, pour tous les experts, est aussi la raréfaction des ressources agricoles et pastorales dans les confins désertiques du continent noir. « %%% Lien de l’article:%%% [http://www.letemps.ch/template/opinions.asp?page=6&article=232859|http://www.letemps.ch/template/opinions.asp?page=6&article=232859|fr]