Deux documents viennent de sortir qui dressent un bilan accablant mais contrasté pour la France, pays dont la productivité est excellente et qui a la chance de posséder une main d’oeuvre très qualifiée. Et ceci contrairement aux esprits chagrins qui prétendent que notre pays n’est pas ou plus compétitif ! %%% Mais aussi pays qui est lanterne rouge dans de nombreux domaines, révélateurs de l’angoisse et du » mal vivre » subis par la population. Notre tissu économique repose trop sur des multinationales d’origine française, qui en plus des conditions de travail souvent stressantes dans les pays développés, exploitent dans certains cas la main d’oeuvre des pays émergents ou des pays très pauvres, de connivence avec des dictatures, comme en Birmanie, au Gabon ou en Chine par exemple. Les PME – PMI notamment sont très insuffisantes en nombre et en dynamisme faute de lois adaptées, le plus souvent. %%%
En France, ces atouts humains sont pourtant gâchés en partie par une inefficacité politique et sociale assez constante depuis de trop nombreuses décennies. Et la qualité de vie ( au travail et dans la vie quotidienne ) n’est pas assez prise en compte. Ce coût humain participe au déficit de la Sécurité Sociale à cause des pathologies provoquées. De plus l’aggravation de la dette devient de plus en plus dramatique. En Allemagne et au Canada par exemple, les finances pubiques ont été assainies au grand profit des populations et du dynamisme des entreprises. Mais aucun pays n’est exemplaire dans tous ces domaines, et le chemin à parcourir est encore long. Encore faut-il déjà le prendre !%%% Le premier document c’est le rapport réalisé par Eric Besson, secrétaire d’Etat chargé de la prospective, et le Centre d’Analyse Stratégique (CAS). Avec une commission plénière de 59 membres et 8 groupes de travail, sur les thèmes suivants: mondialisation; production et emploi; création, recherche et innovation; vivre ensemble; risques et protection; ressources rares; Etat et services publics; technologie et vie quotidienne.%%% Le deuxième, que j’aborderais dans un prochain article, est le livre de J.C. Lagarde, député maire de Drancy, réalisé lors d’un entretien avec le journaliste J.F. Achilli » Les hypocrisies françaises « .%%% » Le Monde » résume le rapport d’Eric Besson et du CAS dans l’article de Claire Guélaud du 23 avril 2008: » France: les paradoxes d’un pays en proie au doute « .%%% [http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/04/22/france-les-paradoxes-d-un-pays-en-proie-audoute_1036979_823448.html#ens_id=1037070|http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/04/22/france-les-paradoxes-d-un-pays-en-proie-au-doute_1036979_823448.html#ens_id=1037070|fr]%%% Voici quelques éléments:%%% » La France apparaît bien singulière. Ouverte à la mondialisation mais frileuse dès qu’il s’agit d’intégrer ses immigrés, économiquement dynamique mais pas suffisamment pour le développement de ses PME, douée pour former les scientifiques mais incapable de proposer un avenir à ses chercheurs, dotée d’un système de protection sociale cher et de moins en moins efficace…%%% La liste est longue de ses paradoxes. La France, on le sait, est le premier pays consommateur de psychotropes au monde. Elle présente un taux de décès par suicide particulièrement élevé (16,2 pour 100 000 personnes) par rapport à la moyenne de la zone euro (10 pour 100 000). Près de 10 % de sa population présente des signes de dépression. Les Français déclarent d’ailleurs moins de satisfactions dans la vie et de bonheur que leurs voisins. Pourtant, le taux de fécondité français est l’un des plus élevés des grands pays européens.%%% Les atouts français existent, et ils sont nombreux …. Insérée dans une Union européenne à vingt-sept – la première puissance économique du monde en 2006 -, produisant à cette date 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, la France est le cinquième exportateur de marchandises du monde depuis les années 1970 …%%% Riche de grands groupes internationalisés aux bonnes performances, la France, troisième au monde en termes de stocks et de flux d’investissements directs à l’étranger, est résolument ouverte à la mondialisation. En témoignent le taux d’ouverture de son économie (environ 25 % du PIB) et la progression sensible de ses expatriés. Resté stable jusqu’au début des années 1990, le nombre de Français immatriculés à l’étranger (1,37 million au 31 décembre 2006) a progressé de 6,2 % par an en moyenne entre 2001 et 2005. Parmi eux figure une proportion élevée de ces chercheurs en sciences que l’enseignement supérieur français, malgré ses difficultés, continue de mettre sur le marché, mais sans savoir leur inventer un futur.%%% Car, et c’est là le deuxième enseignement fort des travaux conduits par M. Besson, la France ne sait pas toujours exploiter les cartes dont elle dispose. Signe de ces difficultés, elle exporte beaucoup moins que l’Allemagne vers les quatre marchés des « BRIC » (Brésil, Russie, Inde, Chine). Ses PME peinent à se développer. Ses jeunes, ses seniors et une part non négligeable de ses immigrés demeurent en difficulté sur le marché du travail. Les débutants, peu ou pas qualifiés, restent très exposés aux variations de la conjoncture, malgré plus de trente ans de politique de l’emploi, de stages et de contrats aidés en tout genre. S’il dispose de scientifiques de haut niveau et possède des atouts dans certaines technologies de pointe, tels les nanomatériaux en matière d’imagerie médicale, de cosmétiques et de matériaux pour l’électronique (hors silicium), notre pays a vu, ces dernières années, sa position relative reculer dans la recherche et le développement (R & D).%%% Dans certains cas, les retards français, patents, reflètent moins une compétition internationale accrue qu’une difficulté interne à évoluer. C’est vrai dans l’enseignement, où toutes les études montrent un net recul des performances françaises depuis le début des années 1990 en lecture, écriture ou mathématiques. C’est aussi vrai dans tout ce qui touche aux finances publiques ou au lien social.%%% La France ne sait plus faire fonctionner son ascenseur social. Bien qu’elle soit un des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) de premier plan pour le poids de ses dépenses publiques sociales (29,8 % du PIB), devant la Suède et l’Allemagne, certains risques sociaux y sont peu ou mal couverts. D’autres pourraient être mieux anticipés: deux Français sur dix ont actuellement plus de 60 ans. Ils seront trois sur dix en 2025. Le vieillissement marqué de la population va peser sur les dépenses de retraite et de santé, mais il constitue aussi une opportunité en termes d’emplois. A condition, bien sûr, et c’est la conviction de M. Besson, que le pays sache se mettre en mouvement. « %%% Le deuxième document sera abordé dans le prochain épisode.%%% La suite au prochain épisode !